Nous nous en tiendrons ici aux cartes du mort jouées par le déclarant, sans toutefois entrer dans tous les détails, souvent tordus, du règlement !
 
Dura lex sed lex
 
Loi 45 : "Le déclarant joue une carte du mort en la nommant, après quoi le mort la prend et la place face visible sur la
table. En jouant de la main du mort le déclarant peut, si nécessaire, prendre lui-même la carte souhaitée."
De plus, "Une carte du mort est jouée si elle a été délibérément touchée par le déclarant, sauf dans l’intention soit
de ranger les cartes du mort soit d’atteindre une carte au-dessus ou en dessous de la ou des cartes touchées."
Enfin, "le mort ne doit ni toucher ni indiquer une carte de son jeu sans instruction du déclarant"
 
A retenir de cette loi : c'est le déclarant qui indique les cartes du mort à jouer, pas le mort qui est et reste ... "mort".
Même s'il semble évident quelle carte du mort fournir, ce dernier doit impérativement attendre que son déclarant désigne la carte à jouer : la distraction, ça existe !
 
Loi 46 : "En appelant une carte du mort pour la jouer, le déclarant devrait énoncer clairement à la fois la couleur et le rang de la carte désirée."
Il y a cependant un peu de flexibilité : "Si le déclarant, en jouant du mort, appelle « gros » ou toute autre formulation similaire on considère
qu’il appelle la plus forte carte de la couleur indiquée."
Idem pour "petit" et d'ailleurs, si le déclarant n'indique que la couleur, c'est la plus petite carte qui doit être jouée : "Si le déclarant désigne une couleur mais non un rang, on considère qu’il appelle la plus petite carte de la couleur indiquée."
Enfin, et peu de joueurs le savent : " Si le déclarant indique un jeu en ne nommant ni la couleur ni le rang (par exemple en disant « jouez n’importe quoi » ou toute autre formulation similaire), n’importe quel joueur de la défense peut choisir la carte du mort."
 
Mise en situation
 
1. Assis en Sud vous êtes mort. Votre gentille partenaire, déclarante joue Coeur de sa main. Est fourni et elle vous dit : "petit Coeur".
Comment réagissez-vous : non, ce n'est pas, quoi que vous l'espériez, une proposition pour la soirée. Jouez simplement le plus petit Coeur de votre main et pour ce soir, espérez...
 
2. Nord, déclarant, est à la tête du contrat de 4 Pique.
Après avoir extirpé les atouts adverses, à un moment donné, il joue un Carreau maître de sa main. Le mort n'en a plus.
Le déclarant dit : "joue n'importe quoi". Le mort s'apprête à défausser un Trèfle, mais Est dit : non, non, qu'il coupe ce Carreau !
En tant que déclarant, comment réagissez-vous ?
 
3. Au mort à l'As de Pique, le déclarant dit "Roi". Or il y a au mort le Roi de Pique, de Coeur et de Carreau.
Lequel le mort doit-il jouer ?
 
4. Le déclarant, toujours assis en Sud, joue le 3 de Carreau de sa main. Est fourni le 2 et le déclarant dit "prend" : en Nord, vous avez dans cette couleur l'As, le Roi et le 10. Quelle carte devez-vous jouer ?
 
5. A Sans-Atout, Est, en main, joue le Valet de Pique. Le mort détient l'As et la Dame de la couleur. Le déclarant dit "Dame". Ouest met illico le Roi mais le déclarant se ravise : "non, pardon, mets l'As". Est-ce autorisé, à ce stade ?
 
6. Grand Chelem Carreau, joué par Sud (comme d'habitude !). A la troisième levée, Sud joue petit Coeur de sa main, Est met l'As, et le déclarant  dit à son partenaire "coupe", alors qu'il y a encore le 2 de Coeur au mort. Le mort obéit et coupe, car il ne peut intervenir verbalement. Correct ?
 
Solution
 
1. L'espoir fait vivre...
2. Le déclarant n'a plus rien à dire, il doit couper du mort !
3. Le Roi de Pique, bien sûr
4. Il faut mettre le 10
5. Que nenni, car Ouest a déjà fourni
6. Absolument pas, la défense devrait, ici, faire rectifier ou appeler l'arbitrer si le déclarant est de mauvaise foi !