Nous avons tous sans le préméditer favorisé le terreau propice à l’éviction de l’arbitre.

Nous invitions nos amis bridgeurs à la maison pour des parties dites amicales.

Ces tournantes à deux tables se déroulaient sur fond d’amabilités en tous genres : "Mais oui très cher reprenez donc cette carte erronément jouée, corrigez donc cette annonce puisque vous vous êtes trompé, ne vous disputez pas pour le nombre de levées réalisées, notez donc votre contrat comme réussi…… ambiance de gentlemen, parlotes sur les exploits du dernier né qui avait vu sa première dent pousser pendant que la paire adverse s’escrimait à réussir le chelem si brillamment annoncé. Après trois heures nous avions péniblement joué 16 donnes et…..passions donc à table tchin - tchin et bon appétit."

Puis vint le jour où nous réalisâmes qu’il y avait un club de bridge à proximité.

Quelle facilité, plus de préparatifs gustatifs, plus de nombreux coups de téléphone à donner pour s’assurer de la présence de chacun ou même trouver un remplaçant en dernière minute vu que cette peste de Julie s’est désistée au dernier moment. Et là quel plaisir, je m’assieds à quelle table ?... et c’est parti pour 24 donnes et parfois plus. Je ne me tracasse pas de savoir comment fonctionne un mouvement ni de comment le classement sera établi, seule préoccupation commander mon café et le boire bien à l’aise en jouant.

Mais qui dit club dit bénévoles qui gèrent tout pour vous, et comme vous aimez être applaudis pour vos exploits heureusement qu’ils établissent un classement en fin de séance.

Qui dit classement dit forcément sérieux et respect des règles de notre jeu favori. Connaissez-vous le nombre de pages de ce fameux règlement permettant une équité sans faille du classement ?

Qui dit bridge dit jeu cérébral de concentration. Tous les championnats se jouent en de nombreuses séances successives de 32 donnes, pourquoi tant de donnes ?

Simple mon cher Watson, le vainqueur est celui qui commet le moins de petites erreurs de distraction dues à la fatigue, il faut tenir sur la distance pour sortir champion. Et les règles ont donc ainsi été pondues, toute petite distraction se paie cash dans le classement……et donc merci mon ami l’arbitre qui y veille.

Cessez donc de croire que si Gustave appelle l’arbitre ce ne peut être qu’un emmerdeur de première qui ne pense qu’à profiter de la situation, haro sur Gustave !

Mais non, Gustave veut être équitable par rapport à tous ses adversaires qui jouent simultanément aux autres tables. En donnant un cadeau à celui qui a été distrait, il fausserait tout le classement par rapport au panel entier des joueurs qui eux respectent les règles.

L’arbitre est l’ami du bridgeur sérieux, il est le garant qu’à toutes les tables l’équité soit de mise.
 
Commettre une erreur par distraction arrive à tout le monde et il est normal et je dirais même obligatoire d'appeler l'arbitre quand cela se produit.

Pourquoi la moindre erreur à la table 1 serait-elle immédiatement sanctionnée si, pendant ce temps, aux tables 4 et 6, personne n’appelle l’arbitre et qu’on laisse tout faire soi-disant par politesse en méprisant ouvertement le règlement du jeu que l’on a choisi de pratiquer ?

Si vous jouez en club, pensez donc à respecter l’arbitre qui vous organise vos tournois et aidez-le à ce que son classement ressemble à quelque chose d’honnête pour l’ensemble des joueurs.

Si vous ne le faites pas, pourquoi donc y aurait-il un classement ?

Si vous prêchez le laisser-aller, vous pourriez penser à créer un club où on joue comme à la maison et où on pourrait tout simplement ne rien compter comme point, on y serait si heureux et si bienveillants avec ses amis adversaires d’une donne…..sauf que cela ne s’appellerait plus un tournoi ... et comme les clubs organisent des tournois....
 
(écrit par Michael Tricot)