Cercles de Bridge Woluwé-Saint-Lambert
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Hebdobridge n° 154 : mon ami l'arbitre

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Nous avons tous sans le préméditer favorisé le terreau propice à l’éviction de l’arbitre.

Nous invitions nos amis bridgeurs à la maison pour des parties dites amicales.

Ces tournantes à deux tables se déroulaient sur fond d’amabilités en tous genres : "Mais oui très cher reprenez donc cette carte erronément jouée, corrigez donc cette annonce puisque vous vous êtes trompé, ne vous disputez pas pour le nombre de levées réalisées, notez donc votre contrat comme réussi…… ambiance de gentlemen, parlotes sur les exploits du dernier né qui avait vu sa première dent pousser pendant que la paire adverse s’escrimait à réussir le chelem si brillamment annoncé. Après trois heures nous avions péniblement joué 16 donnes et…..passions donc à table tchin - tchin et bon appétit."

Puis vint le jour où nous réalisâmes qu’il y avait un club de bridge à proximité.

Quelle facilité, plus de préparatifs gustatifs, plus de nombreux coups de téléphone à donner pour s’assurer de la présence de chacun ou même trouver un remplaçant en dernière minute vu que cette peste de Julie s’est désistée au dernier moment. Et là quel plaisir, je m’assieds à quelle table ?... et c’est parti pour 24 donnes et parfois plus. Je ne me tracasse pas de savoir comment fonctionne un mouvement ni de comment le classement sera établi, seule préoccupation commander mon café et le boire bien à l’aise en jouant.

Mais qui dit club dit bénévoles qui gèrent tout pour vous, et comme vous aimez être applaudis pour vos exploits heureusement qu’ils établissent un classement en fin de séance.

Qui dit classement dit forcément sérieux et respect des règles de notre jeu favori. Connaissez-vous le nombre de pages de ce fameux règlement permettant une équité sans faille du classement ?

Qui dit bridge dit jeu cérébral de concentration. Tous les championnats se jouent en de nombreuses séances successives de 32 donnes, pourquoi tant de donnes ?

Simple mon cher Watson, le vainqueur est celui qui commet le moins de petites erreurs de distraction dues à la fatigue, il faut tenir sur la distance pour sortir champion. Et les règles ont donc ainsi été pondues, toute petite distraction se paie cash dans le classement……et donc merci mon ami l’arbitre qui y veille.

Cessez donc de croire que si Gustave appelle l’arbitre ce ne peut être qu’un emmerdeur de première qui ne pense qu’à profiter de la situation, haro sur Gustave !

Mais non, Gustave veut être équitable par rapport à tous ses adversaires qui jouent simultanément aux autres tables. En donnant un cadeau à celui qui a été distrait, il fausserait tout le classement par rapport au panel entier des joueurs qui eux respectent les règles.

L’arbitre est l’ami du bridgeur sérieux, il est le garant qu’à toutes les tables l’équité soit de mise.
 
Commettre une erreur par distraction arrive à tout le monde et il est normal et je dirais même obligatoire d'appeler l'arbitre quand cela se produit.

Pourquoi la moindre erreur à la table 1 serait-elle immédiatement sanctionnée si, pendant ce temps, aux tables 4 et 6, personne n’appelle l’arbitre et qu’on laisse tout faire soi-disant par politesse en méprisant ouvertement le règlement du jeu que l’on a choisi de pratiquer ?

Si vous jouez en club, pensez donc à respecter l’arbitre qui vous organise vos tournois et aidez-le à ce que son classement ressemble à quelque chose d’honnête pour l’ensemble des joueurs.

Si vous ne le faites pas, pourquoi donc y aurait-il un classement ?

Si vous prêchez le laisser-aller, vous pourriez penser à créer un club où on joue comme à la maison et où on pourrait tout simplement ne rien compter comme point, on y serait si heureux et si bienveillants avec ses amis adversaires d’une donne…..sauf que cela ne s’appellerait plus un tournoi ... et comme les clubs organisent des tournois....
 
(écrit par Michael Tricot)

Hebdobridge n° 152 : de célèbres bridgeurs (suite, 2ième)

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Continuons, si vous le voulez bien, ce tour d'horizon de célébrités du monde du bridge...

Alvin Landy (1905-1967, américain)
Rien à son sujet, sur Wikipedia, mis à part qu'il est à l'origine de la convention éponyme.
L'hebdobridge n° 107 (décidément, on trouve de tout dans ces hebdobridges !) en explique une variante intéressante, que je joue (décidément, ....) avec mon partenaire habituel !
 
Easley Rutland Blackwood (1903-1992, américain)
Né en Alabama, il vécut principalement à Indianapolis, Indiana.
Il fut quelques années le secrétaire de l'American Contract Bridge League (ACBL).
A ne pas confondre avec son fils, Easley Blackwood Junior, compositeur musical.
La convention dont il est le créateur fait partie de l'arsenal de la majorité des joueurs de bridge.
Savez-vous distinguer le Blackwood du 4 Sans-Atout quantitatif : lisez cet hebdobridge ! et aussi celui-ci !
Vous ne jouez pas le Blackwood aux cinq clefs : ceci est pour vous !
 
Omar Sharif (1932-2015, égyptien)
De son vrai nom, Michel Dimitri Shalhoub (l'auriez-vous deviné ?), acteur célèbre (Le Docteur Jivago, Lawrence d'Arabie, ...) les femmes l'aiment et ... il aimait les femmes, ça je peux vous l'assurer ! Pour preuve, un extrait de son livre "Ma vie au bridge", écrite en français, et publié en 1982 : "le bridge est comme une femme vertueuse, il faut la courtiser longtemps, être épris passionnément, supporter les refus, les rebuffades, enfin tout ce à quoi un homme normal peut s'attendre quand il a décidé de séduire une vertu...".
Parmi ses conquêtes, Ingrid Berman, Annette Stroyberg, Barbara Streisand, Ava Gardner, Anouk Aimée, Andréa Ferréol, pour ne citer que quelques unes, les plus connues.
Mais il aimait aussi le football (il en joua), les chevaux, les jeux de hasard (il détient le record de la plus forte perte d'argent, en 1978, au casion de Cannes : quatre-vingts millions de francs français de l'époque) et bien sur le bridge.
Saviez-vous qu'il avait un master en Mathématiques, et fut un grand espoir africain en course à pied (100 mètres) ?
En 1968, il participa aux Olympiades de Bridge de Deauville, dans l'équipe de son pays, opposée à l'équipe italienne de Giorgio Belladonna, dont je vous ai écrit quelques mots dans le précédent hebdobridge.
Joueur impénitent, il perdit un soir au bridge (faut pas demander les sommes qu'il y investissait !) une villa luxueuse aux Canaries, qu'il avait achetée le matin même !
 
Pierre Ghestem (1922-2000, français)
Né à Lille où il résida toute sa vie, il était aussi joueur d'échecs et de dames, et reste encore aujourd'hui le dernier champion du monde français à ce jeu, qui est loin d'être aussi facile qu'on pourrait le penser, bien que les règles s'expliquent en une minute.
Il a contribué significativement au développement de la théorie des enchères, d'où le nom de sa convention, pour décrire en intervention, un bicolore au moins cinq-cinq.
Sachez aussi que l'inventeur de la majeure cinquième ... c'est lui !
Il y a une multitude de systèmes pour décrire un bicolore en intervention dont quelques-uns sont décrits ici.
 
Samuel Stayman (1909,1993, américain)
Né dans le Massachusetts, il devint administrateur de "Stayman & Stayman", dans le textile.Il habitait alors à Manhattan.
Il décéda d'un cancer dans sa maison, à Palm Beach en Floride, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans, alors que, quelques jours auparavant, il jouait encore au bridge 'avec enthousiasme", écrivit Alan Truscott, une autre grande figure du bridge.
Apprenez en plus à propos de cette convention, qui est sans nulle doute la toute première qu'on enseigne aux jeunes élèves : ici.
 
Alan Truscott (1925-2005, anglais)
Né à Londres, il servit dans la Royal Navy vers la fin de la seconde guerre mondiale.
Après quoi, il étudia à la célèbre Université d'Oxford et participa à de nombreux tournois.
Après avoir remporté la médaille de bronze à la Bermuda Bowl de 1962, il s'établi à New York, dans le quartier général de l'ACBL (American Contract Bridge League).
Il est le coauteur de la première édition du "The Official Enclyclopedia of Bridge", en 1964, mais est l'auteur de plus d'une dizaine d'ouvrages bridgesques.

Hebdobridge n° 151 : de célèbres bridgeurs !

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Le monde du bridge est riche en célébrités : que ce soient des joueurs ayant laissé à la postérité bridgesque leur nom, avec un palmarès de victoires internationales, dans l'une ou l'autre convention de leur invention, ou simplement célèbres pour d'autres raisons.
En voici quelques uns parmi les centaines connus, peu connus ou inconnus !
D'autres suivront dans nos prochains hebdobridge, c'est promis.
 
Ely Culberston (1891-1955, américain)
Fils d'un ingénieur américain et d'une cosaque, il passa par l'Université de Genève, l'École des sciences économiques et politiques de Paris, et épouse en 1923 Joséphine, excellente joueuse de bridge qui, d'ailleurs, a laissé son nom à la convention "Joséphine" : un fit étant trouvé, l'annonce de 5SA demande au partenaire d'annoncer le grand chelem s'il détient deux gros honneurs (A,R,D) dans l'atout, sinon le petit...
Avec son épouse, Ely élabora son système d'enchères, organisa des compétitions et devint même auteur et éditeur.
Il divorça de Joséphine après quinze années de vie commune et, hélas, en même temps, abandonna le bridge.
Comme quoi ...
 
Milton Work (1864-1934, américain)
Si vous comptez vos points d'honneur, 4 points pour l'As, 3 pour le Roi etc.... c'est essentiellement grâce à lui !
Il était également joueur de cricket et manager de l'équipe de Philadelphie.
Il est plus connu pour la fameuse "Manoeuvre de Milton Work" : l'hebdobridge n° 71 vous l'explique ici !
 
Giorgio Belladonna (1923-1995, italien)
Vous pourriez croire que le nom de famille de Giorgio signifie "belle main (de bridge, s'entend)" ?
Ce serait trop beau, cela signifie en fait "jolie femme".
Il avait élaboré un système d'enchères sophistiqué.
Et c'est sans doute en partie pour cela qu'il est une légende du bridge, ayant remporté à treize reprises la fameuse "Bermuda Bowl" (un peu la "Coupe Davis" du bridge) !
La "Bermuda Bowl" est un championnat du monde de bridge par équipes nationales, et a lieu tous les deux ans, les années impaires, sauf que celle de 2021 a eu lieu en 2022 : vous pouvez très facilement deviner pourquoi !
Celle de 2023 a été remporté par la Suisse.
 
Douglas Drury (1914-1967, canadien)
J'ai retrouvé peu de chose de ce joueur, si ce n'est sa convention.
Son partenaire, un certain Eric Murray avait l'habitude d'ouvrir en 3ième position avec un jeu "léger", faisant ainsi souvent barrage au 4ième.
Ceci est embarrassant pour le partenaire, qui ne sait pas, à ce stade, si l'ouvreur détient une main "normale", typiquement d'au moins 13HL, ou pas.
La convention Drury y remédie : vous en trouverez la description à la page 18 du SEF, édition 2018.
Personnellement, j'ai adopté avec mon partenaire, une attitude intermédiaire, à savoir la règle de 15 : en 3ième ou 4ième position, additionnez vos points HL au nombre de cartes que vous détenez en Pique : si cela fait au moins 15, ouvrez.
 
Jean-Marc Roudinesco (1932-2001, français)
Auteur du fameux "Roudi", il n'est malheureusement que pauvrement référencé sur Wikipedia.
Il est aussi l'auteur d'une série impressionnante de livres de bridge, depuis l'initiation au bridge jusqu'au tournoi par paires, en passant par un dictionnaire des maniements de couleur, conventions des années 90, problèmes de bridge divers, j'en passe et des meilleurs.
Peu de joueurs, dans notre club en tout cas, jouent sa convention, le "Roudi", et pourtant c'est une excellente corde à mettre à l'arc de vos enchères.
Les hebdobridges n° 34 et 35 lui sont consacrés.
 
Oswald Jacoby (1902-1984, américain)
Son nom ne vous dit sans doute rien.
Si je soulève le voile en vous disant "le transfert Jacoby", voyez-vous de quoi il s'agit ?
Non ? Et bien, il s'agit tout simplement de l'archi-connue et utilisée convention "Texas", qui fit d'abord son apparition dans le système d'enchère américain, le SAYC.
J'imagine que le nom de cette convention vient de l'état du Texas, où il habitait à l'époque.
Et ne je vous ferai pas l'injure de vous l'expliquer, quoique en voici une petite variante.

Hebdobridge n° 150 : mots croisés bridgesques

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Une fois n'est pas coutume, un petit "mots croisés bridgesques" de votre président bien-aimé vous est proposé.

A B C D E F G H I J K L M N O P
1 __ __ __ __ __ __ __ __
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4 __
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17 __ __ __   __ __ __ __ __ __ __

 

A1>G1      Convention bien connue, presque le nom de votre président !
H2>L2      Le contre peut en être
D4>L4      Prénom de la seule membre féminine de notre comité
A5>C5      Le bridge en est un, mais sérieux
D6>I6      Membre du comité, et aussi au service de Tintin
M6>O6      Le bridge en est presque un. Le huitième, dirions-nous
K7>L7      Il a six faces et c'est aussi un jeu
A8>B8      En rapport avec le cercle
B9>E9      C'est la vôtre, à chaque donne
G9>I9      C'est vous quand vous êtes donneur et ouvrez à la donne n° 2
L9>N9      Votre situation après avoir fait de grosses bétises au bridge
J11>O11    La plus basse des quatre couleurs
H13>M13    Il peut être petit ou grand
A14>C14    Qualificatif du Roi qui fait le pli, tout seul dans sa couleur
D15>H15    La plus belle majeure
K16>O16    Nord est déclarant, donc en Est, c'est à vous de la faire
A17>C17    Un tel Roi seul fait souvent la levée
E17>K17    Vous n'êtes pas dessus, ouf, car il est mineur 
A5>A8      Saut anglais
A14>A17    Quand c'est pas avec atout, c'est ...
B1>B5      Vous y resterez assis, en Nord/Sud, durant tout le tournoi
A17>C17    Comme A14>C14
B8>B14     Une finesse, disent les anglophones. Pas nous !
E1>E7      Prénom de votre vice-président, à prononcer à l'anglaise
E12>E15    C'est là qu'on range ses cartes, après la donne
H6>H10     L'occident pour les uns, votre position une fois sur quatre
H13>H17    Rodrigue en a, et certains le fendent dans le film de Pagnol
J2>J4      Il y en a treize à chaque donne jouée
K4>K7      Espérons que vous le ne perdrez pas
K15>K17    Comme A5>C5
L7>L14     C'est par cela que commence chaque donne de bridge
M6>M7      La carte qui bat son Roi
O1>O6      Le vice-président, mais aussi l'ouvrage de ces dames
O8>O11     On en fait souvent l'impasse
P13>P17    Le mille et une nuits, vous le faites si vous êtes ...

Hebdobridge n° 149 : glamourus bridge

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Linda s’affairait dans la cuisine. Elle attendait le retour de Paul en épluchant des légumes qui avaient séjourné un peu plus que nécessaire dans le réfrigérateur. Le verbe « s’affairer » n’est pas adéquat : Linda était une femme légèrement indolente ; de celles dont on dit qu’elles sont réservées, calmes, sereines et douces. Un peu paresseuse ? Pas vraiment. Lymphatique ? Certainement pas. Non. Simplement Linda était sans cesse dans la lune…alors que Paul, organisateur-né, cartésien, dynamique, volontaire- avait les pieds bien sur terre. Un actif. Un battant. Un matheux. D’ailleurs, le voilà qui rentrait à la maison, fier d’une nouvelle stratégie professionnelle diablement profiteuse.

Ils s’étaient connus à l’université où il avait réussi brillamment ses études d’ingénieur informaticien et…où elle avait raté lamentablement ses études de psychologie avant de se tourner vers la littérature. Il était grand, blond, athlétique ; elle était brune, petite et mince. Il adorait les sports ; elle ne plongeait que dans les pages littéraires des plus grands auteurs.

Les contraires s’attirent. Ils s’étaient donc « trouvés »

Leur complémentarité -ces étonnantes différences de caractère- leur permettait de s’entendre à merveille. Vingt longues années  de vie commune n’avaient pu altérer leur bonne humeur et leur plaisir de vivre ensemble. 

Ils auraient eu le temps de faire quelques enfants, mais s’ils craquaient devant les bambins des autres, ils n’auraient pas supporté les contraintes des leurs.Ils étaient finalement trop bien à eux deux :  différents, d’accord ; mais appréciant le cinéma, le théâtre, les concerts, les expos, les restos, les conférences, les voyages, leur chien Bousy et la compagnie de leurs amis, communs ou pas.

Au début de leur histoire, ils avaient vécu une passion commune : le bridge.

Un beau jour, ou plutôt un moche dimanche tout gris, plein d’ennui et sans projet, ils décidèrent de s’y remettre. lls se remémorèrent un peu hâtivement les règles, les conventions et s’inscrivirent à un tournoi du dimanche soir suivant dont le prestige rassemblait tous les bridgeurs passionnés de leur ville.

Pourquoi donc avaient-ils cessé de jouer ? Ils étaient si performants autrefois ! La vie est étrange, mais le passé parfois nous rattrape. Et ils allaient retrouver leur place sur le podium. Il est un fait que Linda n’était pas fan de math, ni de logique, et certainement pas de statistiques ; mais elle avait de l’intuition ; et puis, sans tricher, elle devinait les atouts et les manques des uns et des autres. Faits pour s’entendre, Paul et Linda !

La réception se déroulait dans un château. La salle était parée de ses plus beaux atours dans une ambiance fébrile, à la fois joyeuse et légèrement guindée, avec un public nombreux. Tout était chic, coloré, brillant…surtout les joueurs.

Epoux, amants, amis, complices, paires en tout cas. Liés pour le meilleur ou pour le pire. Dans la connivence ou l’hostilité.

Le paradis ou l’enfer. Un vrai mariage pour chacun des duos. Pendant quatre heures.

La première table où Paul et Linda devaient s’installer portaient le numéro treize et Paul ne put s’empêcher de penser au côté vaguement superstitieux de sa femme. Elle, très calme et optimiste, remarqua juste qu’il manquait la carte des 7 SA dans la boîte à enchères.

Tel un projecteur, un lustre imposant illuminait le vert de la table où le spectacle allait commencer.

Le premier donneur passa, le regard éteint sur un jeu que Linda devina médiocre. Le sien ne comptait que 9 points mais avec une série de 6 C chapeautés par l’As, le Roi et la Dame. Elle annonça 2C. Paul n’hésita qu’une seconde pour claironner silencieusement 4C via sa carte issue de la boîte à enchères. Résultat : + 2. Le chelem eût été impossible à annoncer.

A la deuxième table, ce furent les adversaires qui annoncèrent 3SA, mais sur la « tueuse » entame de Paul qui détenait une série des 6 plus petits trèfles qui existent., la chute fut fatale, d’autant plus cruelle que le couple était vulnérable…surtout la femme qui sortit un Kleenex pour écraser une perle de dépit.

Les rencontres se succédèrent dans un silence requis par le règlement, troué à plusieurs reprises par des altercations peu feutrées, du genre : « mais ma redemande est forcing et tu me laisses tomber ! »

Leurs victoires s’accumulaient. Les « top » clignotaient sur les « Bridgemates ». Paul exultait. Quand, lors d’un contrat qu’il menait, il appelait un « petit cœur », il assortissait sa demande d’un clin d’œil tendre et complice à sa jolie morte. Et elle souriait.

Ils se dirigeaient vers une victoire majeure. Ils allaient gagner. C’était dans la manche.

Vers la fin, pourtant, elle sembla se déconcentrer, devint distraite. Rêvassant à leur voyage de noces, elle oublia de faire un Texas.

Lorsqu’il lui demanda si elle n’avait pas omis un « mille et une nuits », elle se troubla, rougit et songea à leurs premières nuits d’amour sans même se souvenir de cette convention au nom si évocateur.

L’une ou l’autre remarque de sa part la piqua au vif. Elle avait dédaigné une coupe, fourni une mauvaise entame, répondu erronément à un Blackwood, raté une impasse importante.

Et l’impasse était là maintenant.

Le visage de Paul devint crispé. Celui de Linda se renfrogna. Les chutes commencèrent à s’enchaîner. Les gentilles remarques devinrent critiques, de plus en plus amères.

Leur couple devenait une paire comme toutes les autres : un peu guindée, un peu austère, voire sévère.

Le verdict fut dénué d’honneurs : on les déclara avant-derniers, et ils obtinrent un prix de consolation qui les consterna.

Rentrés chez eux, Paul se souvenant de toutes les donnes qu’ils avaient jouées, voulut en faire le bilan. Tel un prof d’université, pendant qu’elle se préparait à se mettre au lit, il détaillait les erreurs qu’elle avait commises : les ouvertures erronées, les enchères superflues, les coupes omises, les fit non mentionnés, les défausses fausses, les affranchissements gâchés, les réveils absents, la convention Michael tombée aux oubliettes, ainsi que celle – pourtant si fréquente- du (S)tayman, etc.

Au fur et à mesure de ce discours, les piques devenaient de méchantes piqûres au cœur, tandis que les cœurs devenaient des piques ; les carreaux s’avéraient ternis et les trèfles portaient malchance…

Un bridge peut être une grande expérience. Il peut aussi être révélateur.

La vie est un jeu… et un simple jeu peut changer la vie.

Paul et Linda divorcèrent deux mois plus tard.

Paul devint champion international.

Linda se tourna vers la poésie et remporta un grand prix littéraire.

Ils se retrouvèrent quelquefois…sur Wikipédia.

(autrice : Ghislaine Deschuyteneer)

  1. Hebdobridge n° 148 : hasard ou coïncidence ?
  2. Hebdobridge n° 147 : donnes préparées ...
  3. Hebdobridge n° 146 : Enchères ? vous avez dit enchères ?
  4. Hebdobridge n° 145 : la bonne entame (3)

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Classements divers

  • Top ten provisoire 2025
  • Classement définitif 2024
  • Top ten définitif 2024

Comité

  • Mot de passe perdu ?
  • Identifiant perdu ?

Les Cercles

  • Règlement d'ordre intérieur
  • Joueurs (dernière mise à jour le 1er mars 2025)
  • Statuts
  • Tarif des boissons (janvier 2025)
  • Prix

Tournois

  • Participants au prochain tournoi
  • Tournoi du jeudi 15 mai 2025
  • Tournoi du lundi 12 mai 2025
  • Tournoi du jeudi 8 mai 2025
  • Tournoi du lundi 5 mai 2025
  • Tournoi du jeudi 1 mai 2025
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